Le principe de produire plus avec moins est incarné par une nouvelle approche qui nous vient d’Inde : le Jugaad. Il met la coopération au cœur de la production, de la mutualisation dans les modes de distribution et de la frugalité dans la conception. Chez nous, se limiter alors qu’on trouve de tout et à tous les prix (25 sortes d’éponges pour récurer le même évier, 15 papiers toilette différents) ne semble pas être une nécessité. Pourtant, des solutions Jugaad existent déjà dans notre quotidien : le Vélib' et la voiture Yélo sont deux exemples bien connus des Rochelais. Cette frugalité (de prime abord imposée) se traduit par une plus grande liberté d'usage, qui ne génère pas de frustration.
Le Jugaad sauve des vies
En Inde, un réfrigérateur conçu en argile permet, sans électricité, de conserver les aliments. Au Pérou, un panneau publicitaire est désormais capable de convertir l’humidité en eau potable. Une couveuse pour bébés prématurés a été mise au point et est commercialisée en Chine : elle ne coûte qu’1 % du prix d’un incubateur occidental. Aux Philippines, une bouteille d’eau javellisée, en réfractant les rayons solaires, produit la même luminosité qu’une ampoule de 55 watts. Les réflexions issues du biomimétisme sont Jugaad : les écosystèmes naturels fabriquent sans déchets ultimes, avec peu d'énergie et consomment le minimum de ressources. Demain, en s’inspirant de l’architecture des os humains, les murs des immeubles seront poreux et nécessiterons 70 % de béton en moins. Les façades, à l’instar de la canopée, produiront de l’énergie et les (indispensables) serveurs informatiques chaufferont de logements. Nos déchets alimentaires alimenteront les fermes urbaines, qui produiront de la chaleur dans un cycle vertueux sans fin.